Notre République se débat avec quantité de haines : celles qui motivent attentats et agressions ; celles exprimées par des élèves quand on a parlé en classe des événements de janvier ; celles contre les immigrés, les arabes, les juifs ; celles parce qu’on se sent oublié, méprisé, maltraité ou menacé. Si on raison de se féliciter de l’unité nationale qui se manifeste dans des moments de grande émotion, elle n’en demeure pas moins plus apparente que réelle.
Que la société française soit en proie à des haines est une constante de son histoire ; pensons aux guerres de religion, à la Révolution, aux combats entre droite et gauche, à la « lutte des classes », à l’affaire Dreyfus, à la période 40-45 (ce temps « où les Français ne s’aimaient pas, » disait le président Pompidou), etc.
On parle beaucoup des « valeurs républicaines ». Elles définissent un « vivre ensemble » possible entre des gens qui se détestent ; elles ne suppriment pas la haine mais en limitent les effets. C’est positif, mais est-ce suffisant et comment aller plus loin? L’amour ne se décrète pas. Quand la Bible dit « tu aimeras ton prochain », j’y vois promesse plus qu’un commandement : Dieu vous rendra aimant, ce que ne peuvent faire ni la bonne volonté ni l’éducation ni la loi. Sans amoindrir le moins du monde la laïcité, peut-être qu’ici la spiritualité a une aide à apporter la République en indiquant à chacun de nous ce qui a la force de dominer les haines, justifiées ou non, qu’il porte en lui.