J’écoute avec effarement une journaliste parler à la télévision des travaux entrepris à l’Église du Saint Sépulcre de Jérusalem : elle déclare avec assurance que c’est « le lieu le plus sacré du christianisme » et qu’il y a là un enjeu décisif pour les chrétiens. Voilà, à nouveau, le christianisme (dans sa globalité, aucune distinction n’est faite) assimilée à une superstition. Quand donc arrivera-t-on à faire comprendre que, comme le suaire de Turin, les lieux supposés (car aucune localisation n’est sûre) de la vie et de la fin de Jésus peuvent, certes, intéresser les historiens mais n’ont pas grand chose à voir avec la foi. Elle n’est pas archéologie, culte de reliques, mais espérance, culte du Dieu qui vient.
Heureusement, les commentaires des religieux et experts ont été plus justes, mieux informés, mais ont-ils dissipé l’immense malentendu autour de la Résurrection ? Elle n’est pas le retour d’un cadavre à la vie (comme ce fut le cas, d’après le récit évangélique pour Lazare), ce qui est certes un prodige, mais pas plus. Elle est le surgissement dans notre histoire d’une vie nouvelle, la vie du Royaume, qui s’introduit en nous et dans notre monde pour les transformer.
Et n’y a-t-il pas une certains indécence à ce bruit et cette agitation autour d’un vieux sépulcre dans une région en proie à des guerres, où chaque jour on porte en terre quantité de victimes ? Ce que vous faites à un de ces petits, dit Jésus, c’est à moi que vous le faites. Le Christ a de multiples tombeaux.