Un jour, des catholiques m’ont dit avec une pointe de condescendance : « vous protestants, vous êtes les spécialistes de l’église invisible », par quoi ils entendaient : une église qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas et qui ne se manifeste pas publiquement.
En cette année 2017, le protestantisme, abandonnant une modestie et une discrétion exagérées, ne verse-t-il pas dans l’auto-célébration et l’auto-glorification en chantant à pleine voix ses mérites et en recherchant les feux de la rampe ? En posant cette question, je n’entends ni condamner ni critiquer quoi ou qui que ce soit. Il est de notre responsabilité que le message du protestantisme ne soit pas une lumière sous un boisseau. Je me suis souvent plaint de ce qu’il était ignoré dans notre pays et j’ai aussi œuvré à ce qu’il le soit un peu moins. Je suis reconnaissant envers ceux qui ont organisé ces cérémonies et publications. Ils ont eu raison et ont bien travaillé. Leur souci premier a été de faire entendre l’évangile, pas de faire de la publicité pour le protestantisme.
Si l’éclat donné au cinquième centenaire de la Réforme me semble justifié, en même temps il m’embarrasse. Je crains, j’espère à tort, que nous ne cédions à une dérive : celle d’être très fiers de ce que nous sommes (ou avons été), d’oublier que c’est Jésus Christ qui compte, et pas Céphas, Apollos ou Paul. Le protestantisme n’a pas sa valeur en lui-même, il n’a de sens que s’il est un instrument au service de quelque chose ou de quelqu’un qui le dépasse.