Certains milieux évangéliques refusent la société sécularisée et libérale et s’engagent dans une reconquête chrétienne au moyen de pratiques d’évangélisation qu’ils décrivent eux-mêmes en termes de « combats spirituels », « opérations Josué », « marches pour Jésus », « guerre contre Satan », etc. Le livre de Philippe Gonzalez se présente comme une enquête de type sociologique, richement documentée en récits de réunions évangéliques focalisées sur la scène genevoise. À partir de ces données, l’auteur interroge le caractère politique de ces nouvelles formes missionnaires. Il montre notamment comment le recul du protestantisme classique en Suisse permet aux évangéliques d’investir les institutions et les causes politiques. Cette radicalisation théologique relève d’ailleurs d’un fonctionnement globalisé. Loin de s’en tenir à la froide analyse sociologique, Philippe Gonzalez propose une interprétation théologique de ses observations. La mission conquérante qu’il décrit est à ses yeux le reflet d’une tentation de pouvoir absolu, au sens de Matthieu 4,8-9, récit où le diable emmène Jésus sur une très haute montagne. L’auteur estime que le sens de l’Évangile s’en trouve détourné au profit de l’autoritarisme et du supranaturalisme.