Voici quelques exemples particulièrement répréhensibles qui entachent la mémoire protestante : le bûcher de Michel Servet à Genève ; les noyades d’anabaptistes à Zurich et dans le canton de Berne ; les profits que des protestants ont tirés de la traite des noirs ; les justifications de l’esclavage par des pasteurs sudistes au dix-neuvième siècle ; celle de l’apartheid par trop de pasteurs et de théologiens boers en Afrique du Sud ; le refoulement des « peaux-rouges » dans des réserves, voire leur extinction, par des colons protestants nourris du mythe biblique de la conquête d’un « nouveau monde » ; ou encore la manière dont tant de protestants ont allègrement confondu l’évangélisation de la Planète et le triomphe de la civilisation occidentale. Déjà longue, cette liste ne cesse hélas de s’allonger, par exemple sous la forme du terrorisme intellectuel qu’exercent certains cercles créationnistes en Amérique et ailleurs dans le monde.
Être protestant relève toujours d’un choix, non seulement au sein des différentes formes de christianisme, mais encore entre les divers courants issus de la Réforme du seizième siècle. C’est la raison de notre attachement à un protestantisme « libéral ». Mais lui non plus n’est pas exempt de dérapages, de contradictions, de faux-pas, d’esprit de parti. Que vous partagiez ou non nos opinions, amis lecteurs, appliquez-vous avec nous à déjouer les pièges que ne cesse de nous tendre une trop grande satisfaction de nous-mêmes. Ne nous lassons jamais de lire et relire la parabole de la paille dans l’oeil du voisin et de la poutre dans le nôtre.