Météo-France met en « alerte rouge » la ville où j’habite. La mairie passe des messages d’information à tous les habitants. La télévision montre des images effrayantes de tempête et d’inondation. Je reçois des coups de téléphones d’amis et de parents géographiquement éloignés qui s’inquiètent. En fait, il y a de très grosses pluies, comme souvent ici (les fameux « épisodes cévenols »). Il faut certes faire attention, mais sans plus.
Une alerte signale un risque qui, heureusement, ne concrétise pas toujours. Elle relève du principe de précaution et a pour but de se préparer à une situation dont on n’est pas certain qu’elle se produira. Mieux vaut, dira-t-on, être prudent qu’insouciant. Certes, mais la médaille a un revers. Mettre trop souvent et trop fortement en garde contre des dangers possibles a pour conséquence qu’on les prend moins au sérieux, et que le jour où le désastre arrivera, on ne se sera pas préparé.
Je pense aux prophètes : ils prédisent des malheurs épouvantables pour faire changer les gens. Au fur et à mesure qu’elles se succèdent, leurs annonces s’émoussent. La force de la prédication de Jésus est de présenter la venue du Royaume comme une bonne nouvelle et non comme une calamité ; elle fait passer de la peur à l’espérance. Ce n’est sans doute pas transposable dans le domaine de la météo, mais ce l’est peut-être dans celui de l’écologie : on peut se demander si l’attrait d’un environnement meilleur ne mobilise pas plus que la crainte d’une nature dégradée ?