Sentir une plante de bonne odeur au milieu des ronces et des épines (Ésaïe 55). Et découvrir que la Bible dégage des parfums ! À la Fondation John Bost, les personnes vulnérables et handicapées nous obligent à redécouvrir nos cinq sens et à repenser ces questions d’odeurs, de toucher, d’esthétique, d’architecture, de sons… Non pour renoncer à un travail sur le texte biblique en amont, mais pour le recevoir et l’interpréter aussi avec tout le corps, surtout lorsqu’on n’a pas la parole, peu accès au langage symbolique, et/ou que des troubles du comportement ou la maladie viennent compliquer la communication.
Est-ce que nos lieux d’Églises sentent bon ? Et nous ? Paul dit que nous sommes aussi appelés à devenir la bonne odeur du Christ (2 Co 2,14-16).
À la Fondation John Bost, toutes les personnes et tous les lieux ne sentent pas toujours bon, mais quand la parole est vécue, partagée, chantée, il se dégage souvent quelque chose d’agréable et d’apaisant.
La Fondation veut être un lieu de soin, de vie et de sens. Comme la loi l’exige en milieu fermé, elle veille à ce que la liberté religieuse, la liberté de conscience et les convictions spirituelles de tout résident soient respectées et que chacun(e) puisse avoir accès à un représentant du culte de son choix. Du fait de sa vocation et de son histoire, elle met en œuvre les moyens nécessaires à l’exercice du culte, d’une aumônerie et d’une animation biblique protestante.
Concrètement, elle propose aux résidents qui le souhaitent, chrétiens ou pas, des temps divers autour du texte biblique, de chants, d’animations et de rencontres, dont les objectifs sont les suivants : faire résonner le texte biblique avec la conviction profonde que la parole a un effet, même si nous ne pouvons pas toujours le vérifier ; accueillir chacun personnellement et tel qu’il est ; susciter du lien entre les personnes ; et créer, quand c’est possible, les conditions d’un mieux-être. Et c’est déjà beaucoup. Selon un psychiatre, lorsque tous les traitements prescrits ont été essayés sans résultat, il est important de constater humblement qu’il n’y a pas toujours de réponse, mais qu’il reste une chose essentielle à maintenir coûte que coûte : le relationnel. Être avec, être au côté, oser une parole, un geste qui fait sens. L’aumônerie est une des propositions complémentaires des autres.
Car l’aumônerie n’est pas détentrice et gardienne du sens. Elle reste en dialogue avec les diverses équipes. Mais pour assurer sa mission, certains professionnels sont formés tous les mois, sur leur temps de travail, et participent à l’animation biblique hebdomadaire, qu’ils soient éducateur, aide-soignant, agent d’entretien… Les pasteurs accompagnent aussi les familles et les équipes à l’occasion des deuils. Ils participent à des commissions d’éthique, des groupes de recherches…
À quoi ça sert tout ça ? Que comprennent les résidents ? À l’utilité et à la compréhension, nous proposons de répondre par la gratuité et le vécu. Et de demander aux « valides », non pas : « qu’avez-vous compris ? », mais « qu’avez-vous vécu ? ». La foi n’est pas qu’une question d’écoute et de compréhension, mais bien de réception, de mise en lien et de dialogue, d’envoi, de redécouverte de sa propre dignité, de justice et de protection pour les plus vulnérables, de fraternité. À la rencontre de la Parole : « Qu’est-ce qui en vous, a été mis en mouvement ? », « qu’avez-vous resenti » ? Encore une question de parfum !
Créée en 1848 par le pasteur John Bost, la Fondation John Bost est une institution médico-sociale protestante à but non lucratif. Elle accueille et soigne des personnes souffrant de troubles psychiques et de handicap physique et/ou mental, ainsi que des personnes âgées dépendantes. Elle comprend 1 500 places, réparties dans 34 établissements ou services sanitaires et médico-sociaux dans plusieurs régions, et 1 900 professionnels aux formations diverses. www.johnbost.org