Plateforme du protestantisme de liberté et de progrès
Partager cet article :

Le choix d’une métisse pour incarner Jeanne d’Arc aux fêtes d’Orléans a soulevé de vives protestations aux accents racistes. Curieusement, les « vierges noires » qu’on trouve dans certains sanctuaires (Chartres, Rocamadour, Le Puy, etc.) semblent acceptées sans difficultés, voire prisées. On aurait pu s’attendre à ce qu’elles soient elles aussi contestées.

Si les fêtes d’Orléans ont pour but une reconstitution historique qui donne une image aussi exacte que possible des événements du passé, une Jeanne métisse est une invraisemblance et n’y a pas alors sa place. Mais si elles ont pour but d’affirmer une identité française, le métissage a du sens, puisqu’il est devenu dans notre pays, un fait assez courant.

Dans ce cas, n’est-ce pas la célébration même de Jeanne qui serait à mettre en cause ? Des non-conformistes ont jugé désastreuse son action : elle aurait empêché la formation d’un grand royaume anglo-français (où le français aurait été la langue dominante) au fort rayonnement. Appréciation sans doute excessive.

Cependant, on peut légitimement s’interroger sur ce que véhiculent nos commémorations. N’est-il pas absurde et contradictoire d’encenser et d’idéaliser quelqu’un dont le mot d’ordre aurait été « boutez-les dehors » à une époque où construire un avenir positif implique l’accueil des étrangers et la pratique d’un métissage qui rapproche, unifie et dynamise les nations ? Je préfère, évidemment, une Jeanne métisse à une Jeanne xénophobe, mais ne vaudrait-il pas mieux sortir de la légende de Jeanne et de l’idéologie qu’elle reflète?

Image de André Gounelle
André Gounelle
est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.
Partager cet article :

Vous venez de lire librement un article de librecroyant-e.com. Nous avons choisi l’ouverture à tous et la gratuité totale, mais ce site à un coût et il ne peut se financer que par votre don. Chaque euro contribuera au partage de ces lectures.

Vous pouvez également nous suivre sur les réseaux sociaux, via les icônes ci-dessous

S'abonner à la newsletter