Les Français détestent les réformes, a dit Emmanuel Macron. Même s’il n’y a pas grand rapport entre les réformes auxquelles il pense et celle dont on célèbre cette année le 5ème centenaire, ce propos ne peut que frapper les oreilles des protestants.
C’est vrai que les français n’ont pas accueilli leur Réforme; ils ont tout fait pour l’éliminer. Jusqu’à une époque récente, dans certains courants littéraires et politiques de notre pays, s’exprime une détestation du protestantisme accusé d’être étranger à l’esprit français et d’avoir sur lui, aussi bien spirituellement que socialement, une influence délétère et destructrice.
Au 19ème siècle, l’historien Edgar Quinet a soutenu que l’inaptitude de la France a vivre une démocratie équilibrée et fraternelle (il songe à la Terreur et à l’Empire) était liée à son rejet de la Réforme. Même quand ils font la Révolution, les Français gardent la nostalgie d’un pouvoir incarné par une forte personnalité et l’idéal d’une unanimité nationale. Ils n’ont pas su se détacher du modèle totalitaire inculqué par l’Église médiévale.
C’est évidemment très discutable. Ce qui est sûr, c’est que le semper reformanda fait partie de la vocation du protestantisme. Quand il considère que la Réforme a été faite dans le passé, qu’elle est achevée et n’est donc plus à faire, quand l’emportent en son sein réticences et résistances à toute avancée, il n’est pas fidèle à lui-même. Une foi évangélique oriente plus vers un avenir à construire qu’elle n’enracine dans un passé à maintenir.