Le mardi 16 avril 2019 à 20 h 30, au Temple de Palaiseau, le Professeur Laurent Gagnebin a abordé l’athéisme d’Albert Camus. C’est cette question qu’il avait étudiée dans ses critiques littéraires rassemblées dans L’athéisme nous interroge, ouvrage où il défend la nécessité d’un dialogue indispensable.
Dans cette conférence, il dépeint l’évolution de l’athéisme de Camus en s’appuyant sur de nombreuses citations.
Quatre étapes (dont une inachevée) structurent, selon lui, ce parcours :
– avant guerre, celle des noces (en référence au recueil d’essais de 1938) avec la Terre où Camus considère la foi comme inutile car « la vie d’un homme s’accomplit sans le concours de son esprit »
– face à la fureur nazie, celle du divorce entre l’homme et sa vie (L’Etranger, 1942), période où Camus considère que « nous renaissons à l’esprit » tout en refusant le « suicide philosophique » que constitue la foi en une vie éternelle face à l’absurdité de la vie.
– après guerre, celle de la révolte, période où Camus croit en une nature humaine rassemblant les hommes au-delà des différences et où il fait dire à un personnage de La Peste (1947), que face aux épreuves de la vie, « Dieu ne peut nous séparer ».
– la quatrième période, inachevée du fait de la mort de Camus en 1960, ne compte que deux romans (dont un inachevé, Le Premier Homme), là où les périodes précédentes comptaient des essais, des pièces de théâtre, des romans.
Cette conférence s’achève sur plusieurs questions comme le non pessimisme, l’humanisme modeste et pour finir l’agnosticisme et non l’athéisme de Camus.
Deux citations terminent cette intervention de Laurent Gagnebin, dont l’écoute est indispensable pour qui s’intéresse aux questions de foi et à l’oeuvre d’Albert Camus.
« Apprendre à vivre et à mourir, et pour être homme, refuser d’être Dieu » (L’Homme révolté, 1951)
« Ne me sentant en possession d’aucune vérité absolue et d’aucun message, je ne partirai jamais du principe que la vérité chrétienne est illusoire, mais seulement de ce fait que je n’ai pu y entrer » (Conférence aux dominicains de Latour-Maubourg, 1948).