Le créationnisme, lecture fondamentaliste et littéraliste de la Bible, se heurte à des objections scientifiques importantes. Certains de ses adeptes utilisent donc une méthode indirecte pour le promouvoir : prétendre « démontrer scientifiquement » que seule une intelligence supérieure peut avoir conduit le monde à son état actuel. C’est le Dessein intelligent.
Deux cents ans après la naissance de Darwin, nous assistons à une offensive créationniste en Suisse Romande. C’est un nouvel épisode d’une bataille déclenchée depuis la publication de l’Origine des Espèces en 1859, mais cette fois sous la forme pseudo-scientifique du Dessein Intelligent (Intelligent Design) .
De quoi s’agit-il ? D’une croisade antiscientifique. Les partisans du Dessein Intelligent ont entrepris de combattre la théorie de l’évolution qui contredit leur lecture littérale de la Genèse. En expliquant le monde par des causes naturelles, la science a exclu le surnaturel. Elle a écarté le Dieu créateur. Ils veulent essayer de prouver par des arguments d’apparence scientifique l’existence d’une intelligence surnaturelle et provoquer la controverse.
Derrière cette offensive se cache un puissant mouvement à caractère idéologique et politique comme en témoigne « la stratégie du coin » (The Wedge Strategy) conçue en 1998 par P. E. Johnson pour promouvoir une « science christianisée ».
Le Dessein Intelligent met toute la science contemporaine en cause. Il prétend prouver par la science l’existence d’une intelligence créatrice surnaturelle.
Mais par définition le surnaturel est hors de la nature, donc hors de la science. Depuis le XVIIIe siècle les savants ne font plus appel à la transcendance, et ce qui était excusable au temps de Calvin ne l’est plus aujourd’hui. Nous ne sommes pas en présence d’une théorie scientifique, contrairement à celle de l’évolution, qui se base sur des faits observables. Dès l’instant où une théorie comme celle du Dessein Intelligent prétend détenir la preuve de l’existence d’un être surnaturel, elle fait exploser toute véritable science.
Elle met pareillement la foi en cause. La foi qui peut prouver quelque chose n’est plus la foi puisque par définition la foi est un acte de confiance en ce qui est au-delà de toute preuve possible. Alors qu’il affirme défendre la foi et la promouvoir, le Dessein Intelligent aboutit à la détruire. Car faire de la foi un refuge dans une mentalité anti ou pré-scientifique est le pire service qu’on puisse lui rendre. C’est de l’obscurantisme, ni plus ni moins.
Alors aux théologiens de se mettre au travail pour réinterpréter les catégories bibliques de manière crédible pour notre temps !*