Le livre de l’Exode raconte que les hébreux libérés de l’esclavage de l’Égypte ont vite regretté leur ancienne condition. Elle était certes dure, mais leur nouvelle situation l’est encore plus. Loin de s’améliorer, leur existence se détériore. Les « viandes » d’Égypte étaient payées par de grandes souffrances, mais, enfin, il y avait de quoi manger, alors que dans le désert du Sinaï, il n’y a rien ou presque rien.
Les changements déçoivent souvent. Ce qu’ils apportent correspond rarement à ce qu’on en espérait. Les français, aux dernières élections, ont voulu pour notre pays une nouvelle classe dirigeante et une « gouvernance » différente. Aujourd’hui, ils s’inquiètent : le changement intervenu est-il véritable ou illusoire (sommes-nous vraiment sortis d’Égypte ?) et ne nous fait-il pas entrer pas dans un désert qui nous privera même des « viandes » chiches de naguère ?
Comment interpréter ce que l’Exode appelle « les « murmures du peuple » ? Manifestent-ils un refus d’efforts nécessaires ou signifient-ils que les dirigeants font fausse route ? On peut en discuter. Les taux de popularité ou d’insatisfaction, même si on aurait tort de les négliger, ne tranchent pas la question. Probablement, aucune autre politique n’aurait pu nous épargner une baisse de notre niveau de vie. Notre vocation de chrétien ne consiste pas à dire qui a tort et qui a raison, mais à veiller, autant que nous le pouvons, à la justice, ce qui implique de protester si les uns sont plus maltraités que les autres.