Si le Salut est souvent compris comme une promesse, nous voyons dans les évangiles qu’il est en fait le présent de ceux à qui il est annoncé, il est une libération (traduction possible du mot Salut). Jésus libère d’un système religieux. « Ta foi t’a libéré » dit-il. Cette libération concerne une manière de concevoir sa relation au divin.
Jusque-là, la croyance se base non sur une confiance mais sur un rapport à la loi. Le respect de la loi rend juste tandis que le transgresseur devient un pécheur. Le péché est donc en lien direct avec la loi et on peut dire que la loi crée le péché. Si la relation au divin est autre, alors il n’y a plus de transgression et il n’y a plus de péché. Voici le Salut proposé : une libération de la notion de péché dans le rapport au divin. Jésus vient rétablir une relation basée sur la foi, c’est-à-dire sur la confiance. Dieu n’est plus celui qui juge, celui qui punit ou qui récompense, il n’est plus celui qui ordonne ou commande, qui demande et à qui on doit donner ou pour qui on doit faire. Dieu est celui en qui j’ai confiance et qui me permet d’être ce que je suis. Je ne suis pas juste devant Dieu parce que je suis obéissant, je suis simplement aimé tel que je suis. Et s’il n’est plus question d’être juste ou pécheur, parce que le péché n’existe plus, parce que ma soumission à la loi n’a plus lieu d’être, cela ne signifie pas pour autant que je suis parfait.
Cette confiance que je place dans le divin en qui je crois me permet d’être lucide sur moi-même. Reconnaître ce qu’il y a à faire progresser et ce qu’il y a à corriger. Et cette lucidité sur moi-même me libère de la culpabilité de ne pas être autre. Dieu m’accepte comme je suis, je peux alors m’accepter comme je suis, lucide sur moi-même et en chemin de progression.
C’est une conception nouvelle que le Jésus des évangiles nous invite à adopter, un changement et une libération radicale qui nous protègent d’un pharisaïsme à rebours que vit trop souvent le christianisme.