Aux bébés, on chante les marionnettes qui font trois petits tours avant de partir. Les « petits » candidats à la présidentielle ne sont pas des marionnettes, mais ont une destinée comparable : après le premier tour, ils retournent à l’obscurité et au silence dont ils sont un instant sortis. En démocratie, il y a beaucoup de candidats et peu d’élus.
De nombreux français auront fait deux, quatre, six ou huit petits tours dans des salles de vote avant de rentrer chez eux. Je choisis, mais dans la masse des bulletins, celui que je dépose ne pèse pas lourd. On parle du peuple souverain, pourtant chacun de nous ne dispose que d’une minuscule parcelle de souveraineté. Qu’il soit satisfait ou déçu des résultats, il n’a décidé et agi qu’un tout petit peu.
Faut-il y voir une image de la condition humaine en général ? Nous faisons un petit tour, plus ou moins bien réussi, sur la scène de la vie, puis nous en disparaissons sans y avoir changé grand chose. Seuls quelques rares élus laissent une trace dans l’histoire et dans les livres qui la racontent.
Cette vision plutôt morose, l’évangile la dément. Nous ne sommes pas de l’herbe qui sèche ou des fleurs qui flétrissent. Nous sommes des passants certes, mais à chacun de ces passants, Dieu donne une mission et une espérance qui font de sa vie autre chose qu’un petit tour insignifiant. Ce n’est pas le privilège ou la chance de quelques-uns : nous sommes tous des élus par la grâce de Dieu. Ce que nous faisons et vivons a du sens.