Le christianisme établit un lien étroit entre vérité et amour : l’amour rend vrai et le vrai, quand l’amour ne l’accompagne pas, est du sel qui perd sa saveur.
En politique, on ne parle pas d’amour, mais, selon la devise républicaine, de fraternité. Dans les débats de cette année électorale, je n’ai guère perçu de fraternité ni même de respect. Des braillards ont fait beaucoup de bruit. Ils disent parfois (souvent ?) des vérités, mais sur un ton et avec une agressivité qui les rendent inaudibles.
En 1940, à Bordeaux, quand il reçut un groupe hurlant de parlementaires, le Président de la République d’alors, Albert Lebrun, leur a dit : « plus vous criez, moins je vous entends ». La fraternité donne de l’audience aux propos qu’on tient. Au contraire, la colère (même fondée) et la haine masquent ce qu’ils peuvent avoir de vrai. Les paroles deviennent des coups qui visent à frapper et blesser, nullement à expliquer et éclairer. On ne se fait pas comprendre, on ne brise pas le discours convenu ainsi.
Que des désaccords s’expriment est bon : l’unanimité engendre la paresse et conduit au totalitarisme. Mais la discussion gagnerait à ne pas être un combat où on cherche seulement à se faire mutuellement du mal et pas du tout à cheminer vers une vérité ni à inventer des solutions. Cette violence de la parole politique génère des violences citoyennes qui ne se bornent pas toujours au verbal. Il nous faut apprendre à nous parler fraternellement et à utiliser la parole pour communiquer, pas pour nous battre.