pour certains. Si les chauffages sont au minimum et si d’autres économies sont faites, c’est bien qu’il est difficile pour de nombreuses familles de boucler le budget et des choix, radicaux, doivent être faits. Oui c’est un fait, malgré les bénéfices records de certaines entreprises, nous voyons réapparaître une misère qui semblait à tout jamais enfermée dans le souvenir des plus anciens. Entre ceux qui baisseront leur chauffage à 19° et ceux qui espèrent arriver à 16°, il y aura toujours ce gouffre. Et au lieu de voir l’évidence, de voir dans ce gouffre le même qu’il peut y avoir dans la parabole du riche et de Lazare, au lieu d’aller vers cette solidarité nécessaire qui ferait que certains auraient plus avec ce que d’autres donnent de leur trop, au lieu de voir en la misère de l’autre, une misère qui défigure notre propre image d’humain, on continue à regarder l’autre avec mépris, pire avec peur. Peur de l’étranger qui viendrait prendre le peu qui nous reste. Et on crie dans l’hémicycle : « Qu’il retournent en Afrique ». Peur du déclassé qui tend la main avec honte dans la rue pour avoir de quoi survivre. Et on dit qu’il n’a qu’à traverser la rue pour trouver un boulot. Peur de celui que je pourrais devenir si je ne suis pas assez compétitif ou pas assez concurrentiel, être moi-même un déclassé qui tend la main. Alors on regarde avec mépris ceux qui vivent sans travail et on exige qu’ils s’y mettent, qu’ils travaillent pour l’intérêt général, qu’ils fassent un minimum s’ils veulent toucher un des minima. Oui la peur est là, cette peur qui pousse au conservatisme de la pensée et du cœur. Si le mot libéralisme sonne aujourd’hui comme l’origine du mal, il ne l’est qu’en économie. Il ne s’agit plus simplement d’avoir la main et le portefeuille généreux, il faut aussi avoir un esprit libéral. Une ouverture de la compréhension de l’autre. Une pensée libérale et un geste solidaire. Une pensée qui se dégage de la peur et qui fait être compagnons de misère en marche vers le progrès en humanité.