Dans nos vieilles Bibles « Segond » nous trouvons à profusion le mot « sacrificateur » : Jésus est amené à comparaître devant le « souverain sacrificateur », et il est lui-même notre grand « sacrificateur » (He 2,17).
En fait, Louis Segond n’avait pas utilisé ce mot dans sa traduction : c’est la révision de 1910, faite après sa mort, qui l’a introduit, partout où, lui, avait mis « prêtre ». Ce changement est calamiteux. Pour Segond, Jésus a comparu tout simplement devant le « grand prêtre », et théologiquement, il est bien notre seul « prêtre », seul intermédiaire entre Dieu et nous.
Les raisons de ce changement ne sont pas claires. Certains disent que c’était par égard pour les catholiques qui ont des prêtres, afin de ne pas faire tomber sur eux les critiques du texte de l’Évangile ; d’autres, et c’est plus probable, affirment que c’est pour des raisons théologiques. En effet, le prêtre est celui qui met en relation avec Dieu ; l’épître aux Hébreux dit bien que le Christ est le seul intermédiaire, mais la révision de 1910 choisit de se concentrer sur la dimension sacrificielle de cette médiation. Cela est très discutable.
Certes, il y aussi de bonnes raisons : le mot « prêtre » vient du grec « presbyteros » qui signifie « ancien ». Or ce mot existe aussi dans le Nouveau Testament et c’est une source de confusion possible.
Réduire le rôle du prêtre au fait d’offrir des sacrifices est dramatiquement réducteur. Le prêtre est bien plus que cela, il est le représentant de Dieu, le médiateur, et aussi l’ami de Dieu, son confident, son plus proche. C’est ainsi que nos « Segond 1910 » n’ont pu maintenir partout leur « sacrificateur », et ont traduit parfois autrement le mot « cohen », comme en 1 Rois 4,5 où Nathan est présenté comme « ministre d’état, favori du roi ».